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296 [i 585] JOURNAL
dire au Roy, [en gaussant à sa maniere accoutumée, en presence de plusieurs ligueurs qui y étoient :] « Je voy « bien que l'instruction du Biarnois est toute faite, et « qu'il est tems de disposer de sa conscience, puisqu à « là queue des confesseurs il y a un bourreau. »
En ce tems, Henry Etienne (0 étant venu de Geneve à Paris, et le Roy lui ayant donné mil écus pour son livre de la Préexcellence du langage françois, un tresorier, sur son brevet, voulut lui en donner six cents comptant. Henry les refusa, lui offrant cinquante écus. De quoy ledit tresorier se mocquant : a Je voy bien, a lui dit-il, que vous ne sçavez pas ce que c'est que « finances; vous reviendrez à l'offre, et ne la retrou-« verez pas. » Ce qui advint : car après avoir bien couru partout, revint à son homme, et lui offrit les quatre cents écus; mais l'autre lui dit que cette marchandise n'alloit pas comme celle des livres, et que de ses mil écus il ne voudroit pas lui en donner cent. Enfin il perdit tout, le bruit de la guerre et l'edit contre ceux de la religion le forçant de retourner en son païs. ' Le 3o juillet, les Guisards partirent de Paris. Us v avoient fait assés long séjour, allant tous les jours au conseil d'Etat, auquel ils étoient ouys et respectés, à cause que la Reine mere tenoit leur party, comme elle avoit fait paroître dans l'accord fait entr'elle et eux pour le Roy au préjudice du roy de Navarre, qu'elle n'aimoit pas. De fait, étoit le bruit commun que, par l'intelligence qu'elle avoit avec les Guisards, ils avoient commencé ces derniers troubles, et qu'elle leur soute-
(0 Henry Etienne : fils du célèbre Robert Etienne, l'un des plus célèbres imprimeurs du «seizième siècle. Robert avoit adopté les nouvelles ODÎnions, et s'étoit retiré à Genève. •
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